Auteur : Sally Thorne

Éditeur : Harper Collins Poche

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Ne regarde pas le film, lis le roman

Lorsque j’ai terminé ce roman, ma réaction a été : Waouh !

En fait c’est la réaction que j’ai eue tout au long des pages. Waouh, c’est impressionnant comme c’est bien écrit, comme c’est juste !

Je ne connaissais pas du tout Sally Thorne. Je l’ai découverte par hasard, en faisant défiler les suggestions de romans en relation avec un autre roman que je venais juste de terminer, L’anti lune de miel de Christina Lauren. J’étais dans ma phase « lecture de relation conflictuelle ». J’avais adoré L’anti lune de miel, mais alors là… C’est carrément le niveau au-dessus. Ou bien peut-être un univers complètement à part.

J'aime ressentir un roman avec mes tripes. Il faut qu’il me transporte dans un autre univers, qu’il soit cohérent… vibrant. Et c’est ce que j’ai trouvé avec Meilleurs Ennemis.

L’auteure nous fait d’abord entrer dans le vif du sujet en décrivant jour après jour la relation de travail explosive entre Lucy et Joshua. Elle y met beaucoup d’humour avec des relations cocasses. C’est Lucy qui nous la raconte. On n’a donc que son point de vue et c’est ce qui met du sel dans ce roman. Parce qu’on n’a qu’une vision de la réalité et que, peu à peu, on découvre un Joshua bien plus complexe qu’il n’y paraît.

L’histoire en elle-même n’a rien d’original. Ce qui l’est, c’est la manière dont l’auteure nous dévoile petit à petit l’envers du décor. D’abord avec des dialogues percutants et une dynamique formidable entre les personnages. La guerre entre Lucy et Joshua se fait à travers une succession de jeux (Jeu du Miroir, Jeu des RH, Jeu du Regard, etc). Ils sont tout le temps en compétition avec des personnalités diamétralement opposées. Joshua-le-grand, froid et méprisant. Lucy-la-petite, souriante et amicale.

Leur lieu de travail favorise cette rivalité. Des bureaux en vis-à-vis et des surfaces réfléchissantes partout les poussent à se confronter perpétuellement l’un et l’autre.

Travaillant pour deux patrons différents mais pour la même boîte, leur guerre est fratricide jusqu’au jour où ils sont mis en compétition pour le même poste. Alors, une vraie rivalité commence. Enfin, c’est ce qu’il semble parce qu’une série d’événements va les faire se rapprocher l’un de l’autre.

À travers leur histoire, l’auteure nous raconte les relations entre collègues de bureau, les ambitions de chacun, leurs travers. C’est aussi l’histoire d’une fille qui cherche sa place dans le monde dans lequel elle a toujours voulu évoluer. Lucy et Joshua sont imprégnés de leurs histoires familiales, ce qui définit leurs caractères respectifs. Comment ne pas être gentille lorsqu’on a grandi entourée de fraises ? Mais ce roman est avant tout la naissance d’une relation de couple unique dirigée de main de maître par Joshua, dont on découvre peu à peu le caractère, pas si froid que ça.

C’est une belle histoire d’amour. J’aime Lucy qui ne comprend pas tout ce qu’il lui arrive, sa passion pour les Schtroumpfs comme pour le corps de Joshua. Elle n’a rien compris à ce qu’il se passait entre eux, mais lorsqu’elle en prend conscience, j’aime ses doutes, son honnêteté, sa fougue, la passion avec laquelle elle finit par défendre Joshua. Et que dire de Joshua, intelligent, passionné, qui est tellement amoureux de Lucy qu’il la connaît mieux qu’elle-même. Habitué à être le méchant de l’histoire, il ne peut s’empêcher de ne se dévoiler que par bribes, de peur que son cœur qui s’est brusquement éveillé à l’amour ne se brise. C’est le plus beau personnage à mes yeux, tellement attendrissant.

Oui c’est une relation tortueuse. Mais l’auteur ne tombe pas dans le pathos parce que les personnages sont francs et honnêtes tout au long de leur relation, même s’il y a beaucoup de quiproquo et de malentendus. Il n’y a pas non plus d’atermoiements. Les scènes courtes s’enchaînent rapidement et le franc-parlé dont Lucy et Joshua font preuve depuis le début les aide à construire une relation solide.

Si je le pouvais, je mettrais dix étoiles à ce roman. C’est un véritable coup de cœur, écrit de main de maître. Sally Thorne a une plume unique qui se démarque des auteures à grands succès. Ce roman est bourré de petits détails et d’anecdotes qui donne l’impression d’être réellement avec les personnages et non de les voir évoluer de l’extérieur. Et il faut bien 800 000 signes pour y arriver parce que la relation se complexifie au fil des pages.

Pour terminer, je voudrais parler des scènes romantiques de cette histoire. Encore une fois, je trouve que l’auteure se démarque des autres par un style bien à elle où le ressenti des personnages compte plus que la description de la scène elle-même. Le baiser dans l’ascenseur, le frotti-frotta sur le canapé ou lorsque Lucy et Joshua finissent par faire l’amour (oui, « faire l’amour », pas “baiser”, parce qu’il s’agit, pour le coup, d’un roman bien plus sensuel que charnel), tous ces moments sont à la fois explosifs et tendres. L’auteure trouve encore le juste milieu pour nous plonger dans la scène en respectant les personnalités de ses personnages.

Cinq étoiles, donc, à défaut d’en mettre plus, pour ce roman que vous aurez peut-être, comme moi, beaucoup de mal à lâcher une fois commencé.

Warning : Le film tiré de ce roman est nul. Lucy est transformée en Nympho et le baiser dans l’ascenseur est dénaturé.

Photo par © Lise Whales Pour plus d'informations, voir les crédits des images de livres.